Stage 2019 – Séjour dans la commune de Chuisajpac
Bonsoir,
Voici des compte-rendus récapitulatifs de la semaine actuelle suite à ma reconnexion Internet.
CCDA
Suite à notre départ de San Pedro, nous avons été pris en charge dimanche par les companieras et companieros du CCDA, le Comité de campesinos del Altiplano. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, le CCDA est l’organisation de défense des droits fondamentaux des paysans guatémaltèques auquel SLAM apporte son soutien. Le CCDA est présent dans 20 des 22 départements du pays.
Entre autres activités, l’organisation a notamment mis en place une structure commerciale de café juste et équitable pour les petits producteurs guatémaltèques. Quatre-vingt-dix pourcent du café transformé par le CCDA (le café Justicia) est exporté dont une partie au Québec et en vente chez SLAM, au PAQG (projet d’accompagnement Québec-Guatemala) et le SMAC (Solidarité Montérégie Amérique Centale).
Un autre enjeu fondamental du CCDA est la reposession des terres pour la souveraineté alimentaire de la population. La plus grande proportion des terres est accaparée par les grandes entreprises de monoculture industrielles alors qu’une proportion importante de la population souffre de malnutrition.
Séjour dans la commune de Chuisajpac
Au cours des trois premières nuits de cette semaine les stagiaires ont été accueillis.es par les habitants.es de la commune Kaqchikel de Chuisajpac dans le Solola. Je vous rappelle ici que l’espagnol est une langue véhiculaire au Guatemala et que les communautés apprennent tout d’abord leur langue maternelle maya respective.
Nous avons tous été touchés par l’accueil et la chaleur humaine des habitants.es de Chuisajpac dont les maisons sont entourées de champs de maïs, de café et de quelques serres de légumes. Nous avons aussi été touchés par la pauvreté matérielle de la majorité des familles de la commune tout en constatant des jeunes familles vivant dans des maisons de fortune avec des structures de matériaux inadéquats et dont les toits coulent pendant la saison des pluies de juin à novembre.
À Chuisajpac, nous avons participer à une cueillette de café avec des femmes de la commune. Nous avons aussi eu la chance de rencontrer la soixantaine d’élèves de l’école et d’échanger avec le comité des femmes de la communauté sur leur production de tomates pour la vente, sur leur souhaits et les besoins de la communauté.
Les hommes avec lesquels nous avons discuté après leur journée de travail, nous ont fait part de leurs expériences, souvent difficiles, en tant que travailleurs sans papiers aux Estados Unidos (U.S.A). Certains ont été victimes des coyotes (passeurs) ou ladrones (voleurs) mexicains et d’autres ont eu à traverser le désert de Sorona qui s’étend du nord du Mexique au sud de l’Arizona pour ensuite, dans certains cas, subir des conditions abusives de certains employeurs.es.
Communautés au pied du volcan actif El Fuego
Aujourd’hui, le jeudi 17 janvier, nous sommes allés à la rencontre des gens de deux communautés vivant au pied du volcan actif El Fuego. Ce sont la communauté Kaqchiktel de Don Pancho et la communauté ladrino (i.e. espagnole du Guatemala) de La Reyna dans le département d’Escuintla. Le volcan a fait irruption le 3 juin 2018. Les glissements de terrain lors de l’éruption ont causé la mort de 200 personnes d’une communauté voisine. Les terres, achetées au début des années 2000 au prix de multiples efforts de travail au Guatemala ou au El Norte et d’économie de tous.tes les membres de la communauté ne valent plus rien.
La solution proposée par le gouvernement, qui leur a vendu les terres sans analyse de risque, est de recommencer à zéro, c’est-à-dire de contracter une nouvelle dette. Cela n’est cependant pas réaliste pour les membres des communautés, les rendements de leur production étant en baisse à cause de l’activité volcanique et le prix du café ayant baissé sur les grands marchés. Les personnes rencontrées nous ont surtout exprimé leur inquiétude pour les générations futures car leur seul lègue était leur terre, maintenant sans valeur. Une mère monoparentale nous a livré un témoignage particulièrement émouvant. De peines et de misères, elle avait réussi à s’acquitter de sa dette et croyait pouvoir offrir un avenir plus prometteur à ses enfants et petits-enfants. Mais, à plus de 40 ans, il est très difficile pour elle de trouver du travail, le marché du travail étant à toutes fins utiles fermé pour les 40 ans et plus.
Marc